Le couple et l’enfant, certes, mais quel couple ?
Le couple d’amoureux ? Le couple conjugal ? Le couple parental ? Le couple hétérosexuel ? Le couple homosexuel ? Le couple libre ? Le couple « chacun chez soi » ?
Quel que soit le couple, on en trouvera probablement plusieurs. Le couple « lui-même », et celui dans la tête de chacun des partenaires, font déjà trois… Couple idéal, es-tu là ?
La généralisation de la contraception ainsi que l’évolution sociétale ont conduit à une transformation de l’idée de la famille, et par là même à la distinction entre le couple conjugal et le couple parental.
Cette distinction met en exergue, aujourd’hui plus qu’hier, la question du désir d’enfant, celui de devenir parent (ou pas). Ce désir prend racine dans l’histoire de chaque sujet.
Désir de grossesse ? Désir d’enfant ? Désir de pouponner ? Aimer et être aimé(e) ? Désir de transmission ? D’appartenance ? Désir de famille ?
La décision peut ainsi être liée au désir de faire plaisir à son partenaire, l’enfant-cadeau, ou le désir d’un projet commun pour le couple, « construire à deux ».
C’est la rencontre avec cet autre, inattendu, qui fait naître ou qui permet de faire émerger un désir d’enfant.
« La conception et la naissance des enfants s’accompagnent de changements qui peuvent être à l’origine de crises importantes »
D’une part, chacun des parents en devenir est convoqué à des réaménagements psychiques et identitaires profonds. D’autre part, ce sont des nouveaux modes de relation qui doivent être créés : entre les « amoureux » eux-mêmes devenant parents, entre les membres du couple et leurs familles d’origine, …
L’arrêt de la contraception, la grossesse, les rêveries partagées créent des moments pour se parler, s’écouter, exprimer ses inquiétudes et ses attentes, ses peurs et ses espoirs, et ainsi préparer ensemble l’arrivée du bébé.
Cependant, même une grossesse heureuse ne constitue pas un rempart contre les difficultés : « La grossesse a été idyllique, l’amour fou, un beau voyage, de la tendresse jusqu’au bout, des larmes en tenant ce si joli bébé dans notre bras… et pourtant les soucis sont arrivés très vite, dès le retour de la maternité ».
S’occuper d’un jeune enfant engendre beaucoup de fatigue et peut donc rendre le ou les conjoints irritables. L’autre apparaît égoïste lorsqu’il exprime son besoin de repos et de liberté… La libido peut s’en ressentir.
Assez rapidement, le jeune père peut nourrir l’impression secrète que sa femme ne s’occupe que du nouveau-né, lui-même ne trouvant pas sa place dans la nouvelle triade : sentiment d’abandon, parfois des blessures anciennes qui refont surface, de la jalousie vis à vis du bébé, source de culpabilité pour le jeune père. La jeune maman pour sa part, peut voir avec envie son mari partir chaque matin de la maison où elle se sent confinée : « piégée » : pensées et ressentis culpabilisants de surcroit, pour des jeunes mères.
Rien n’est dit sur ni comment elle aimerait jouir des mêmes « libertés » qu’elle suppose au papa ni sur le sentiment de son compagnon de ne plus sentir qu’il a une place auprès de sa femme : « avoir perdu » et « être perdu » pour sa femme.
« J’ai compris que tout reposait sur un gros malentendu. Notamment sur nos attentes respectives. J’ai attendu des mois qu’il prenne sa place de père et qu’il me tende la main. Alors que pour lui, tout allait bien, je gérais. Si ce n’est qu’il se sentait exclu de la relation avec notre bébé. »
Socialement, la naissance d’un enfant est connotée très positivement. Or, les tensions, les conflits et les remises en question dans le couple sont habituels, et peuvent le fragiliser et provoquer un certain repli.
Souvent à cause de cette pression sociale du « Tu as tout pour être heureux ! », les jeunes parents se sentent coupables de ne pas l’être et ont d’autant plus de peine à partager leurs difficultés et leurs émotions. L’ambivalence des sentiments n’a pas droit de cité.