On différencie les dépressions périnatales, du post-partum blues. Le « blues » correspond à la grande sensibilité émotionnelle des mères autour de la naissance de bébé. Cette sensibilité est adaptative, elle nécessite l’attention bienveillante de l’entourage ; l’intensité des variations émotionnelles s’apaise en une dizaine de jours environ. Si elle se prolonge, avec la prédominance de tristesse et d’angoisse, elle peut être le signe d’une dépression qui s’installe. Rarement (1/1000), la gravité de la dépression périnatale nécessite l’hospitalisation en milieu spécialisé.
Les dépressions périnatales sont des troubles anxieux et dépressifs, d’intensité variable. Elles affectent environ 12% des mères et s’installent au cours des 2-3 premiers mois suivant la naissance. Ces troubles peuvent commencer dès la grossesse, par l’accentuation des troubles ordinaires de cette période, et des sentiments de solitude, de ne pas être comprise par l’entourage, par l’afflux de souvenirs douloureux jusque-là mis de côté.
Elles sont un problème de santé publique, du fait de cette fréquence élevée. Leur signe cardinal est une fatigue extrême et le sentiment d’incapacité à s’occuper du bébé, à entrer en relation émotionnelle avec lui, la peur de ne pas être une bonne mère malgré l’amour porté au nourrisson. « Je fais tous les soins mais je ne ressens rien » ; « je veux dormir » ; « j’ai peur de mal m’y prendre avec lui, il est fragile il n’a rien demandé… ». Cette angoisse, accompagnée de tristesse mais plus souvent d’inquiétudes pour la santé du bébé ou de soi-même, d’agitation, dépasse les préoccupations habituelles pour le tout petit et persiste malgré les réassurances de l’entourage. Elle risque de conduire à une relation perturbée avec le bébé, avec un déséquilibre de l’installation du rythme veille-sommeil, de l‘alimentation, de la digestion, du tonus. Les communications parents-bébé s’installent difficilement, on se décourage et on s’inquiète, parfois même pour le couple. Ainsi les fondements de la confiance en soi sont fragilisés. Les jeunes mères mais aussi les couples et l’entourage ont souvent de la peine à reconnaître et parler de ces difficultés. Les pères souffrent aussi de tels troubles ; pour l’homme comme pour la femme devenir parent occasionne de grands changements parfois difficiles à intégrer.
Complétant et participant au soutien toujours nécessaire pour les jeunes familles : soutien familial, social, médical, un travail psychothérapeutique à ce moment-là est favorable : lorsque s’installent les premières relations, la souplesse psychique dans ces premiers temps de la vie est à l’origine de créativité et de remaniements heureux, tant pour les parents que pour le bébé, sujet en devenir.